Mesurer l’inclusivité du déploiement des transformations dans la durée : quelques pistes
Un article de Sophie Blanchet - Décembre 2025
IDOYA a structuré un baromètre d’inclusivité solide pour la phase de design, reposant sur quatre critères :
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Représentativité
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Profondeur
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Poids
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Transparence
Ce baromètre permet d’évaluer la qualité de la co-construction et l’intégration des parties prenantes. Il est régulièrement testé, ajusté avec des clients et parties prenantes externes. Son usage est suivi par la gouvernance du cabinet (comité de mission).
Cependant, la mesure de l’inclusivité en phase de déploiement (“aval”) reste à renforcer, afin de mieux objectiver l’impact de l’inclusivité sur l’appropriation, la pérennité et la performance des transformations. Les questions soulevées sont les suivantes :
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Faut-il définir un autre indicateur distinct pour el déploiement ?
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Que met-on derrière les différents niveaux d’inclusivité du déploiement d’un projet / programme de transformation ?
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Est-il pertinent de reprendre les 4 critères de l’indice d’inclusivité (représentativité , profondeur, poids, transparence) en les orientant vers la mesure de l’inclusivité au moment du déploiement ?
Cette phase de déploiement passe en général à un moment sous la responsabilité de nos clients, à la fin de notre accompagnement. Ce "hand-over" intervient plus ou moins tôt dans le déploiement, mais suppose que la mesure de l’inclusivité du déploiement soit également réalisé par nos clients. Cet article propose donc des pistes pour mesurer l’inclusivité du déploiement des transformations dans la durée, en complétant le baromètre existant.
1. Si l’on voulait se doter d’indices spécifiques ?
Pour compléter le baromètre existant, explorer la possibilité d’introduire des critères spécifiques à l’aval, qui mesurent l’inclusivité dans la mise en œuvre et ses effets concrets :
Indices d’inclusivité du déploiement
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Taux d’implication réelle des parties prenantes dans la mise en œuvre : % de parties prenantes ayant participé activement à des ateliers, groupes de travail, ou actions pilotes lors du déploiement.
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Capacité d’initiative et d’adaptation laissée aux équipes : Mesure du degré d’autonomie accordé aux équipes pour adapter localement les solutions (ex : existence de marges de manœuvre, remontées d’initiatives locales valorisées).
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Satisfaction des parties prenantes sur le processus de déploiement : évaluation (enquête, entretiens) du ressenti des parties prenantes sur leur rôle, leur capacité à agir et à être entendues durant la phase de déploiement.
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Transparence et retour d’information en continu : existence de dispositifs de feedback réguliers, restitution des décisions prises, explication des arbitrages en cours de déploiement.
Indices d’impact de l’inclusivité
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Taux d’appropriation des changements : % d’équipes ou d’individus ayant effectivement adopté les nouvelles pratiques/processus (via auto-évaluation, observation, indicateurs RH).
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Évolution de la satisfaction ou de l’engagement post-déploiement : comparaison des scores d’engagement, de satisfaction ou de climat social avant/après déploiement.
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Nombre et qualité des ajustements issus des retours terrain : nombre de modifications apportées grâce aux feedbacks post-déploiement, et leur impact sur la performance ou l’adhésion.
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Pérennité de l’inclusivité : mesure de la capacité à maintenir des espaces d’expression et d’adaptation au-delà du projet (ex : groupes d’amélioration continue, communautés de pratiques).
2. S’il fallait revoir les critères ?
Les quatre critères initiaux restent pertinents, mais pourraient être adaptés ou complétés pour la phase de déploiement :
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Représentativité : élargir à la diversité des acteurs impliqués dans le déploiement effectif, pas seulement dans le design.
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Profondeur : mesurer la capacité à influencer les ajustements en cours de route, pas uniquement à s’exprimer.
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Poids : évaluer l’impact réel des retours terrain sur les adaptations du déploiement.
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Transparence : suivre la restitution des arbitrages et l’accès à l’information tout au long du déploiement.
Il est également possible d’ajouter un critère d’appropriation ou de pérennité, pour mesurer la durabilité de l’inclusivité dans le temps.
Conclusion : Les critères actuels peuvent être adaptés pour couvrir l’aval, mais nous pourrions ajouter :
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1 indicateur d’appropriation
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1 indicateur d’autonomie,
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Des indicateurs de feedback continu et d’impact sur la performance.
Un baromètre enrichi, coconstruit avec des clients et parties prenantes, permettra de mieux objectiver la valeur ajoutée de l’inclusivité sur la réussite des transformations.
3. Quelles recommandations auprès des clients pour mesurer l’inclusivité en phase de déploiement sans alourdir la charge en temps et ressources?
1. Utiliser des outils d’auto-évaluation simples et rapides
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Baromètre d’inclusivité allégé : Adapter la grille d’évaluation en fonction de la taille et de l’enjeu du projet (notation simplifiée pour les petits projets, focus sur quelques critères clés comme la représentativité et la profondeur d’expression)
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Questionnaires courts : Proposer des questionnaires en ligne, limités à 5-10 questions, à remplir en moins de 10 minutes par les parties prenantes principales.
2. Intégrer la mesure à des temps collectifs déjà existants
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Ateliers ou réunions d’équipe : Profiter d’ateliers réguliers ou de points d’étape pour intégrer une séquence rapide d’évaluation de l’inclusivité, en sous-groupes de 2-3 personnes, permettant un retour croisé et une mutualisation des expériences
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Débriefings post-ateliers : Ajouter une question sur l’inclusivité dans les bilans d’ateliers ou de réunions, sans créer de processus supplémentaire.
3. Favoriser l’auto-évaluation collective et la mutualisation
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Évaluation croisée : Permettre à des membres de l’équipe n’ayant pas directement travaillé sur une mission d’apporter un regard extérieur, pour enrichir l’analyse sans multiplier les entretiens individuels
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Partage des bonnes pratiques : Utiliser les retours d’expérience pour identifier rapidement des leviers d’amélioration et mutualiser les solutions efficaces.
4. Adapter le niveau d’exigence au contexte
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Modulation selon l’ampleur du projet : Pour les projets de faible ampleur, privilégier une notation allégée et qualitative ; réserver l’évaluation complète aux projets stratégiques ou à fort enjeu
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Choix des critères prioritaires : Se concentrer sur 2 ou 3 critères essentiels (ex : représentativité, profondeur, transparence) selon le contexte, pour éviter la surcharge.
5. Digitaliser et automatiser la collecte
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Outils digitaux : Utiliser des formulaires en ligne (Google Forms, Typeform, etc.) ou des outils collaboratifs déjà en place pour centraliser et exploiter les retours sans ressaisie manuelle.
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Recours à l’IA pour en assurer l’analyse rapide et automatisée
6. Communiquer sur la finalité et la valeur ajoutée
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Expliciter l’intérêt : Rappeler que la mesure vise à améliorer l’efficacité collective et l’engagement, et non à alourdir les processus.
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Transparence sur l’utilisation des résultats : Partager les synthèses et les axes d’amélioration issus des évaluations pour donner du sens à la démarche.
